Rencontre avec Jean-François Chauvel, producteur de fruits et légumes à Fongrave (47)
Au cœur de la vallée du Lot, Jean-François Chauvel et sa compagne, Céline, font pousser fruits et légumes de saison sur l'exploitation familiale. Verger de pruniers et variété de fraises occupent l'essentiel des 35 hectares cultivés de la ferme des Tuileries. Une production réunissant pratiques respectueuses de l'environnement et techniques de culture modernes, destinée aux consommateurs de proximité et distribuée dans l'espace Le Goût de Nos Campagnes du Gamm vert de Villeneuve-sur-Lot.
J’ai choisi le circuit court pour vendre mes produits 100 % d’ici
LA FERME des Tuileries existe depuis près de 40 ans. « Mes grands-parents avaient déjà une ferme de l’autre côté du village. Quand mon père s’est installé comme agriculteur, en 1974, il a acheté le terrain actuel. J’ai pris la suite en 2009 après m’être formé ailleurs en France, et même aux États-Unis » , retrace Jean-François Chauvel qui ajoute : « Historiquement, mon père faisait des pruneaux, des fraises et de la vente directe à la ferme. C’est toujours le cas, mais j’ai apporté quelques changements » . Diversification, modernisation et investissements, lutte intégrée : l’agriculteur est sans arrêt en mouvement, à la recherche du meilleur pour son activité et ses produits. « On essaie de toujours avoir un coup d’avance, d’anticiper pour s’améliorer et progresser » résume-t-il. Un état d’esprit qui l’a d’ailleurs poussé à intégrer la 1er promotion du programme Atouts Jeunes, mis en place par Terres du Sud pour accompagner l’installation de jeunes agriculteurs.
Une production diversifiée et de saison
Planté par le père de Jean-François, le verger de pruniers occupe la plus grand surface cultivée de l’exploitation : « De 12 hectares, je suis passé à 20 » , précise l’agriculteur qui sèche sur place ses récoltes, pour obtenir de savoureux pruneaux d’Agen. Comme dans toute la basse vallée du Lot, le gel n’a pas épargné le verger des Chauvel : « Depuis que la ferme existe, ça n’était jamais arrivé… Une récolte quasi-nulle deux ans d’affilée… » soupire Jean-François, pas fataliste pour autant. Il a notamment misé sur la diversification de ses cultures pour s’assurer des revenus complémentaires. Comme son père avant lui, il cultive et vend aussi des fraises – Gariguette, Mara des bois, Cléry – jusqu’à 20 tonnes sur une saison ! « Je suis passé en hors-sol il y a une dizaine d’années. C’est un investissement lourd mais on s’y retrouve. Les conditions de travail, de culture et de ramassage, sont bien plus confortables et on maîtrise davantage la production, on peut jouer sur les dates de plantation par exemple. En sol, c’est le climat qui impose ses règles » , explique-t-il. En complément, il fait pousser fruits et légumes sur une parcelle dédiée : « Au total sur l’année, nous cultivons une trentaine de variétés, selon un calendrier de rotation serré. Il n’y a aucun temps mort » . Haricots verts, aubergines, courgettes, salades, potimarrons, pommes de terre, melons, framboises, pastèques, poires… complètent ainsi selon les saisons, la production de la ferme des Tuileries.
Une agriculture durable, soutenue par Terres du Sud
Depuis cette année, l’agriculteur privilégie la lutte biologique intégrée pour protéger ses arbres du carpocapse, parasite des arbres fruitiers : » Avec l’accompagnement de Stéphane, le technicien qui me suit à Terres du Sud, j’utilise désormais des pièges à phéromones, qui n’ont pas d’impact sur l’environnement ni sur notre santé. Il fait le suivi tous les 15 jours et, ensemble, on adapte le traitement selon les besoins » . Comme pour le verger, Jean-François Chauvel a fait le choix de la lutte intégrée pour protéger ses cultures fruitières et légumières* des ravageurs et champignons, accompagné par la coopérative. » Ca me semble presque anachronique de ne pas opter pour ces méthodes aujourd’hui, même si ça demande plus d’investissement, une démarche plus progressive et des ajustements permanents. Du fait de la diversité de nos cultures, c’est complexe, mais l’expertise des techniciens et leur suivi sont un vrai avantage, nous travaillons en confiance. Et je peux me concentrer sur tout le reste. »
Créer des liens durables avec les consommateurs
Dès 1995, les Chauvel mettent sur pied un point de vente de leurs produits à la ferme. « À l’époque ça n’était pas dans l’air du temps, se souvient Jean-François. Mais la vente directe a rapidement fonctionné. » Tenu par sa mère, Lucienne, il l’est désormais par sa compagne, Céline. « On ouvre de la mi-mars, avec le lancement des fraises, à la mi-octobre. En juillet-août, c’est même notre activité principale » , note-t-il. Approvisionnée par les cultures de la ferme et « quelques produits de collègues alentour » , la boutique a ses fidèles, des habitués pour qui la vente producteur direct est un réflexe. « Le Covid a fait miroiter le retour des consommateurs au local. On a d’ailleurs fait une très bonne année, les gens venaient s’approvisionner jusqu’à 3 fois par semaine. Mais la vague est retombée, et aujourd’hui, on est revenu au niveau de fréquentation de l’avant-confinement » , remarque l’agriculteur pour qui la proximité producteur-consommateurs est essentielle, souvent alimentée par le bouche-à-oreille.
Nouveaux débouchés en circuit court
Depuis 3 ans, la ferme des Tuileries alimente aussi l’espace Le Goût de Nos Campagnes du magasin Gamm vert de Villeneuve-sur-Lot, situé à une vingtaine de kilomètres de l’exploitation. C’est le 1er producteur à avoir approvisionné cet espace, dédié à la vente en circuit court des produits issus des adhérents volontaires de la coopérative. « Notre engagement avec les producteurs fournisseurs de ces espaces de vente est inscrit sur le long terme. En effet, nous y distribuons de petits volumes mais les réassorts sont très réguliers » , explique Delphine Baudet, cheffe de marché « terroirs » chez Terres du Sud. « Il faut des producteurs de taille intermédiaire qui produisent suffisamment pour achalander régulièrement nos étals. La diversification du producteur est aussi un critère important pour offrir une large gamme à nos clients en limitant les contraintes logistiques » , ajoute-t-elle. Une collaboration que Jean-François – qui vend aussi quelques surplus au MIN d’Agen – juge intéressante à plusieurs titres. « Après avoir testé les barquettes de fraise, les melons à la pièce et des cageots « ratatouille » dans un premier temps, nous y proposons désormais un panel diversifié de nos fruits et légumes. Notre partenariat est souple : nous livrons régulièrement, et étoffons l’offre en fonction des produits disponibles, de la demande. Pour nous, c’est un complément de revenus et cela nous permet de toucher une nouvelle clientèle de proximité » , témoigne-t-il.
*la protection intégrée des cultures est notamment réalisée grâce à des lâchers réguliers d’auxiliaires naturels, comme les larves de chrysopes ou certaines punaises.
La ferme des Tuileries en bref :
- 35 hectares cultivés, dont 20 dédiés à la prune, séchée et conditionnée sur place
- en moyenne, 20 tonnes de fraises hors sol récoltées à 80% entre mi-mars et mi-mai
- une trentaine de variétés de fruits et légumes, cultivées en rotation, selon les saisons et récoltées à la main
- une boutique de vente directe producteur à la ferme
- des fruits et légumes de saison en vente au sein de l’espace Le Goût de Nos Campagnes, au magasin Gamm vert de Villeneuve-sur-Lot
En savoir plus : www.ferme-tuileries.com