Rencontre avec Aurélie Voisin,
éleveuse de canards à Ladignac-le-Long (87)

AURÉLIE Voisin ne se destinait pas à l’élevage de canards… « J’étais partie sur l’équitation. Et puis, j’ai bifurqué vers un BTS ACSE*. Surtout parce que j’aimais la compta’  » se souvient-elle. Au lycée, elle rencontre son futur mari, dont les parents possèdent une exploitation agricole, à Ladignac-le-Long. « Il a repris l’élevage bovin familial en 2008. Je l’ai rejoint en 2016 : j’ai créé le bâtiment canards  » , raconte l’éleveuse pour qui la collaboration avec Terres du Sud allait de soi : « J’avais besoin d’être guidée et accompagnée. On m’a conseillé de contacter la coopérative, ça s’est fait presque naturellement « . À bientôt 30 ans, Aurélie s’occupe quotidiennement de 10 000 palmipèdes, soit 3 bandes ½ annuelles, dans un bâtiment de 2 200m². Ses motivations ? « La passion du métier et la liberté qu’il procure !  » , répond-elle du tac au tac.

Adapter les conditions d’élevage aux épidémies

Un engagement mis à l’épreuve par la grippe aviaire… « Quand j’ai commencé, nous disposions d’un bâtiment de 1 200m², pour 8 000 canards. Avec cette surface, en période de claustration, on tombait à 5 000 têtes pour respecter la réglementation. Nous avons agrandi de 1 000m² : cet investissement m’a permis de conserver un équilibre à 10 000 canards pendant l’épisode d’Influenza aviaire de l’hiver 2020-2021  » , explique l’éleveuse. Marine Parry, sa technicienne référente chez Terres du Sud, précise : « En effet, pour adapter la conduite des élevages en cas de claustration, Terres du Sud préconise une réduction de la densité des animaux pour préserver leur confort et la réussite de la bande  » . En 2020, les aménagements réalisés avec l’appui de la coopérative se sont traduits par l’extension des locaux et une augmentation de la capacité d’accueil à 5 canards au m². « Une densité recommandée par Terres du Sud, tandis que la démarche PalmiGconfiance** va jusqu’à 6 bêtes au m²  » , ajoute la technicienne.

Le bien-être animal comme moteur

En 2022, une nouvelle vague épidémique frappe les élevages de palmipèdes. « On a eu de la chance, notre zone de production a été très peu impactée  » , reconnaît Aurélie. Si son exploitation a plutôt été épargnée, les effets induits de l’épidémie se font sentir aujourd’hui : « Il y a eu une grande incertitude sur la disponibilité des canards. Cet hiver par exemple, on a dû attendre 2 mois entre nos bandes ça n’était jamais arrivé… et ça a des répercussions fortes sur notre activité  » . Une baisse qu’elle évalue à presque 20% du chiffre d’affaires sur l’exercice actuel. Dans ce contexte agité, l’éleveuse garde son cap : le bien-être et le confort de ses animaux. « Choisir les meilleures conditions pour mes canards, à l’extérieur comme à l’intérieur reste ma priorité. Parce que c’est mon métier !  » affirme-t-elle. Cette ambition se manifeste notamment par des bâtiment spacieux, mais aussi ventilés, tempérés et propres : « La litière reste ma préoccupation constante : il faut pailler tous les jours  » , précise-t-elle.

L’agroforesterie, pour un élevage durable et qualitatif

En temps normal, dès qu’ils atteignent 4 à 6 semaines, les canards vivent essentiellement en plein air. Pour améliorer leur confort, Aurélie Voisin a mené une démarche d’agroforesterie, qui associe arbres et élevage sur une même parcelle. Une pratique aux multiples avantages, accompagnée et encouragée par la coopérative : « Mon parcours ne proposait aucune ombre. J’ai sollicité un pépiniériste local pour me faire conseiller sur les essences d’arbres à planter et comment les disposer  » . En 2016, elle plante des châtaigniers, puis des haies en 2020 qui joueront un triple rôle : celui de brise-vent, d’ombrage pour les palmipèdes mais aussi d’abri pour de nombreuses espèces sauvages. « Ça grandit tranquillement. Il faut être patient, d’autant que certains plants n’ont pas pris  » , admet l’éleveuse.

Diversifier l’exploitation pour se développer

Depuis le début de l’année, Aurélie Voisin s’est lancée dans l’élevage de poulets fermiers, conseillée et épaulée par un technicien de Terres du Sud qui assure le suivi du bâtiment. « Mon idée, c’est de diversifier l’exploitation, tout en gardant une taille humaine  » , résume-t-elle. Là encore, bien-être animal et qualité guident la démarche de l’éleveuse, qu’elle veut avant tout pragmatique : « On espère que le plus dur est passé, on reste prudent.  »

*BTS Analyse et Conduite des Systèmes d’Exploitation 
** PalmiGconfiance, une démarche qualité pour des éleveurs engagés et responsables. Démarche de progrès suivie par les éleveurs de canards et d’oies volontaires, PalmiGconfiance certifie que ces derniers pratiquent leur activité de manière responsable, dans le respect du bien-être animal et des règles de bonnes pratiques. 
L’agrément est délivré par un organisme indépendant, qui vérifie la conformité des pratiques avec le cahier des charges et, le cas échéant, accompagne leur réalisation. L’identité de l’exploitation, la formation de l’éleveur, l’alimentation, le confort de l’animal, la santé et l’hygiène, la relation homme/animal et la sécurité sont les thèmes engagés par la démarche.
« La biosécurité fait partie de notre formation initiale. On est « nés avec » en quelque sorte. Suivre les formations recommandées par la démarche PalmiGconfiance et mettre en œuvre les mesures imposées n’est pas une contrainte. Ça fait partie du travail.  » – Aurélie Voisin, éleveuse de canards.