Expérimentation sur les grandes parcelles, filière tournesol en 2020

Expérimentation en grandes cultures

Depuis 2018, deux collaborateurs de la branche Végétale du groupe Terres du Sud, Richard Cousseran et Sébastien Boursinhac, mènent des expérimentations en conditions réelles sur des grandes parcelles dans le but d’améliorer la performance globale de l’itinéraire cultural en agriculture raisonnée. Leur travail porte sur un conseil sur-mesure adapté à chaque zone de parcelle, combiné à des solutions agronomiques innovantes et durables. Résultat des tests : un meilleur rendement et donc une meilleure rémunération pour les producteurs engagés. Richard Cousseran nous éclaire sur les détails de leur approche. Retrouvez également en fin d'article l'expérimentation 2020 sur la filière tournesol en vidéo.

On propose aux agriculteurs un condensé de notre savoir-faire, tout en introduisant des innovations durables.

Interview

Richard, pouvez-vous nous expliquer le principe général de “conseil sur-mesure adapté à chaque zone de parcelle” ?

BIEN SÛR ! Le conseil porte principalement sur l’itinéraire cultural, c’est-à-dire le plan qui acte quel type de culture, quelle variété, quand et à quelle densité on va semer en fonction de la parcelle, de son emplacement, de la typologie des sols, etc.

 

Ce sur quoi nous travaillons, c’est de rentrer dans le détail de la parcelle et de travailler différemment chaque zone qui la constitue, pour maximiser son rendement tout en optimisant les semences, la nutrition, etc.

Cela passe par une analyse ?

Absolument. L’analyse se fait dans un premier temps en fonction des éléments fournis par le producteur, car il a la connaissance de sa parcelle, l’historique des assolements, les analyses de sols, les cartes de rendements, etc. Ce premier échange nous permet d’évaluer le potentiel d’une parcelle.

 

Puis, nous affinons notre analyse avec les images satellites. Grâce à un logiciel dédié utilisé par le groupe Terres du Sud, nous récupérons l’historique des cartes de biomasse des 4 dernières années, soit une centaine de cartes de santé des plantes par an. On peut ainsi observer l’évolution des masses de matières vivantes sur toute la parcelle, afin de déterminer les zones plus ou moins fertiles. Nous veillons toutefois à isoler les phénomènes exceptionnels (orages, excès d’eau…) afin de ne prendre en compte que les éléments structurels.

 

Le croisement et l’analyse de toutes ces données nous permettent de définir des zones de potentiel cohérentes d’une année sur l’autre, de choisir la bonne variété, la densité de semis par zone puis l’approche en termes d’engrais, de protection, d’irrigation, etc.

Une fois que l’analyse et le plan cultural sont prêts, comment faites-vous pour gérer les zones de parcelle ?

Une fois qu’on a choisi la variété, la quantité de semences à l’hectare dans chaque zone de la parcelle, on dessine le plan sur un logiciel utilisé par le groupe Terres du Sud qui nous permet de générer un fichier. On charge alors ce fichier sur une clé USB que l’agriculteur va connecter à la console de son tracteur. Il ne lui reste plus qu’à sélectionner la parcelle concernée sur son tracteur, le bon fichier, et tout se fait automatiquement en fonction de la position du tracteur dans la parcelle.

 

On appelle ça la modulation de densité de semis, puisque le tracteur va semer plus ou moins de semences en fonction du plan défini sur le fichier : plus la zone est fertile, plus on augmente la densité de semis. Cette répartition intelligente permet de dispenser la bonne dose au bon endroit et au bon moment afin d’améliorer la rentabilité pour le producteur.

Du coup, l’agriculteur doit obligatoirement posséder un tracteur connecté ?

Oui, c’est une condition sine qua non pour participer à notre travail de prospective, car la modulation de semis ne peut se faire qu’avec un agroéquipement connecté à débit variable, disponible par exemple dans notre filiale Delta Sud.

 

Nous l’avons intégré dans nos calculs de rentabilité et, même en incluant l’amortissement de l’option pour connecter le matériel, on arrive toujours à un bilan positif pour l’agriculteur.

Une fois les semis faits, vous accompagnez encore l’agriculteur ?

Bien sûr, car pour optimiser la conduite de la culture dans son ensemble, on active également d’autres leviers innovants et durables comme les engrais, la protection des plantes, la gestion de l’irrigation, etc. Notre but est de montrer aux agriculteurs qu’on peut être plus productif en utilisant des solutions alternatives.

 

Par exemple, dans le cadre d’un test sur la filière tournesol oléique réalisé en 2020, nous avons intégré un produit bio pour lutter contre les limaces qui se régalent particulièrement de cette culture. Ça a été très efficace.

 

De plus, pour améliorer les indicateurs environnementaux et gérer les mauvaises herbes, nous avons complété l’action de désherbage par un binage mécanique.

 

Sur cette même parcelle, nous avons aussi installé 24 ruches avant la floraison, afin de booster la pollinisation des fleurs de tournesol. Les abeilles, en augmentant le taux de fécondation des fleurs, permettent au tournesol de développer plus de graines et améliorent donc le rendement pour l’agriculteur.
Dans le cadre de notre projet, les ruches étaient connectées, ce qui nous a permis de suivre l’évolution en particulier du poids de chaque ruche. Plus la ruche prenait du poids, plus on savait que la production de miel était importante, et donc que les abeilles faisaient bien le job. D’ailleurs, le miel de tournesol était excellent !

 

Pour sécuriser le potentiel de la récolte, nous avons choisi d’intégrer dans notre phase de test le pilotage de l’irrigation. Le tournesol a très bien répondu aux optimisations de l’irrigation, avec un très bon remplissage des grains ainsi qu’une teneur en huile élevée.

Pour cette parcelle-test de tournesol l’an dernier, le résultat est atteint ?

Tout à fait ! Pour bien mesurer nos résultats, nous avons travaillé chez le même producteur, l’EARL CAMPO à Fontet (33), 7 ha en conduite classique et 7 ha en conduite optimisée.

 

Sur les 7 ha en conduite optimisée, le rendement final a augmenté de 19% et la marge brute pour l’agriculteur de 116€ / ha, malgré une année qui ne prêtait pas à battre des records ! Le printemps humide ne nous a pas permis de semer tôt ni dans les meilleures conditions, et la sécheresse marquée de juillet et août, qui n’est pas adaptée aux cultures de printemps, a pénalisé l’ensemble.

 

Compte tenu de ces conditions météorologiques défavorables, nous sommes d’autant plus satisfaits des résultats obtenus.

Et par rapport aux années précédentes, est-ce dans la même lignée ?

Oui, ces résultats confirment ceux obtenus les années précédentes. En 2019, nous avions aussi travaillé le tournesol, et en parallèle, nous expérimentons cette approche sur le maïs depuis 2018.

 

En 2020, nous avons intégré un projet national sur l’optimisation de la conduite du tournesol, co-animé avec Invivo Agrosolutions et le semencier Syngenta. Je vous invite à visionner la vidéo de présentation du projet ci-dessous qui récapitule tous nos tests sur la filière Tournesol en 2020, avec de magnifiques images !

Vidéo expérimentation en grandes cultures, filière tournesol 2020

Et pour 2021, quel est le programme ?

POUR 2021, nous allons poursuivre notre collaboration avec ces deux partenaires, à nouveau sur une parcelle de tournesol en coteaux mais cette fois dans le Sud Agenais. Nous allons en parallèle continuer nos expérimentations sur le maïs.

 

Cette approche de projet global – évaluer le potentiel agronomique, regarder les différentes zones, proposer un itinéraire adapté, moduler, proposer des solutions alternatives – est innovante et nous n’avons pas connaissance de programme similaire au niveau national. En tout cas, dans le Sud-Ouest c’est sûr : on est les seuls ! Nous ne sommes pas encore prêts à massifier cette méthode, mais ces expérimentations nous permettent d’ores et déjà d’accompagner des premiers agriculteurs qui souhaitent se lancer dans cette approche de conduite des cultures.

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