Économiser l’eau, le choix des espèces
En tant qu’acteur majeur de l’agriculture du Sud-Ouest, nous sommes confrontés aux changements climatiques. L'eau est et restera toujours essentielle à notre activité, mais nous devons nous adapter, tant pour préserver le travail des agriculteurs que pour préserver nos ressources naturelles.
POUR permettre à nos adhérents de disposer de solutions viables d’économie d’eau, les techniciens conseils du groupe Terres du Sud tiennent compte :
- des terroirs de chaque agriculteur : type de sol, réserve naturelle en eau du sol, etc,
- du marché pour les débouchés commerciaux de chaque type de cultures.
Nous devons aussi favoriser la rotation des cultures pour limiter la propagation des maladies et des adventices et diversifier l’activité des agriculteurs, sans créer une dépendance de marché.
Le choix des espèces semées est une solution parmi d’autres pour économiser l’eau. Mais en agriculture, de nombreux paramètres non maîtrisables entrent en jeu, comme la météo, les prédateurs, les opportunités de marché, etc.
Les cultures qui consomment peu d’eau : une solution qui a des limites
Le pois-chiche, une culture sans irrigation mais un marché restreint
“Cette culture est conduite sans irrigation sur nos territoires. Compte tenu de son cycle (semis en février/mars et récolte fin juillet/début août), les besoins en eau sont assurés par la pluviométrie du printemps. Cette culture fait partie des options possibles lorsqu’on souhaite effectuer une stratégie d’esquive climatique. C’est également une alternative agronomique intéressante pour allonger les rotations dans les systèmes de cultures non irrigués.”
Richard Cousseran, chef de marché Agrofournitures Grandes Cultures au Groupe Terres du Sud
En revanche, la concurrence mondiale sur cette culture est grande, et la demande commerciale sur du pois-chiche français à des prix corrects pour l’agriculteur est rapidement saturée. Aussi, le groupe Terres du Sud ne peut pas recommander du pois-chiche à tous ses agriculteurs, qui ne pourraient pas écouler leur production.
Le tournesol, un besoin faible en eau mais un rendement aléatoire
Les débouchés commerciaux sont beaucoup plus larges sur cette culture, mais le tournesol rencontre d’autres problèmes qui réduisent le potentiel de rendement et donc la rentabilité de la culture pour les producteurs.
Dès l’étape des semis, les pigeons et tourterelles peuvent manger les graines, obligeant les agriculteurs à semer à nouveau. Une fois germées et devenues plantules, les limaces et les lièvres deviennent les nouveaux prédateurs, puis les oiseaux font leur réapparition en picorant les graines dans le tournesol directement, une fois arrivées à maturité.
Le sorgho, une alternative aux cultures gourmandes en eau mais fragile
Par exemple, il demande 3 irrigations de moins que le maïs, soit près de 900m3 d’eau par hectare d’économisés ! Céréale sans gluten, le sorgho fait ses débuts en alimentation humaine mais il est surtout utilisé en alimentation animale dans notre propre usine d’aliment, ou en oisellerie.
Le sorgho est une culture intéressante mais elle ne peut se semer qu’au mois de mai et la maîtrise du désherbage est moins facile que pour les autres cultures de printemps. De plus, la récolte peut s’avérer compliquée voir nulle si l’automne est trop pluvieux, du fait de la fragilité de la graine qui peut “rester au champ”.
Les cultures gourmandes en eau :
quand la météo est un allié, ou un rival…
Le blé, l’orge et le colza sont des grandes cultures qui nécessitent beaucoup d’eau, mais bénéficient des pluies, car ce sont des cultures d’automne et d’hiver.
En théorie, ces cultures sont plus préservées, bien qu’en 2020 elles ont subi des stress hydriques importants entre un automne 2019 très pluvieux et un printemps 2020 à la sécheresse record.
Le maïs quant à lui consomme moins d’eau que le blé pour produire 1 quintal de grain, cependant, ses besoins en eau sont en été donc en période sèche.
Pour limiter les irrigations, le groupe Terres du Sud teste depuis plusieurs années des variétés plus précoces, qui peuvent être semées au mois de mars afin que la floraison ait lieu avant la période de sécheresse, soit aux alentours du 20/25 juin au lieu du 15 juillet. Mais la météo intervient toujours dans l’équation…
« En 2020, l’excès d’eau pendant l’hiver suivi d’une sécheresse forte du 15 mars à fin avril a retardé la préparation des sols et par conséquent les semis précoces, empêchant ce contournement du problème d’irrigation par le biais de la temporalité.”
Patrick Dax, Expert Grandes Cultures au Groupe Terres du Sud