Rencontre avec Stéphane Besnier,
producteur de légumes bio à Montpezat-d’Agenais (47)
Après avoir passé une licence en biologie végétale et une licence en écologie des agrosystèmes, tout ou presque destinait Stéphane Besnier à enseigner à son tour l’agronomie. Et pourtant, il n’a jamais terminé le Master qui devait lui permettre de passer le concours. En 2017, Stéphane Besnier décide de reprendre l’exploitation familiale et de lui faire réaliser un virage à 180 degrés. Oublié l’élevage caprin en agriculture conventionnelle de ses parents, il se lance dans la production de légumes bio. Aujourd’hui, à 38 ans, avec l’appui de Terres du Sud pour répondre à ses attentes en matière de lutte intégrée sur les légumes et pour l’épauler dans sa production de céréales, il s’épanouit dans son choix en s’assurant la viabilité économique de son exploitation bio avec un minimum de traitements.
J’ai choisi la lutte intégrée pour protéger mes cultures bio
interview
Vous pouvez nous décrire votre exploitation ?
J’AI 30 HECTARES. Je fais des légumes bio, pas mal de plein champ. J’ai 3.500 m² sous abri froid (tunnel non chauffé) et je suis en train de monter une autre serre de 3.500 m2.
Quels sont les principaux légumes que vous produisez ?
Des courgettes, des tomates, des aubergines, et je fais aussi pas mal de fraises et de poireaux. Cette production en frais est distribuée par une coopérative landaise bio, mais je fais aussi de la tomate bio pour l’industrie de transformation, 4 hectares, en contrat avec Terres du Sud.
Pourquoi vous êtes-vous tourné prioritairement vers l’agriculture bio ?
Je ne me voyais pas trop faire autrement. Je ne me voyais pas m’installer en agriculture conventionnelle, même si je n’ai pas de religion toute faite sur ce sujet. Il y a du bon à prendre dans toutes les formes d’agriculture. En plus, comme j’étudiais l’écologie des agrosystèmes, ça me paraissait plus évident d’aller vers l’agriculture bio.
Vous avez quand même des traitements à passer sur vos cultures de légumes ?
La stratégie, c’est d’éviter les problèmes plutôt que d’avoir à les guérir. On évite donc au maximum les intrants même si une année comme 2021 où le mildiou est très présent, notamment sur les tomates bio pour l’industrie, je traite avec du cuivre. La stratégie de traiter, c’est quand même le dernier recours.
Quand vous dites qu’il vaut mieux prévenir que guérir, vous en faites une belle illustration avec les techniciens de Terres du Sud grâce à la lutte intégrée ?
Oui, sur les cultures sous abris et les fraises notamment. On travaille en protection biologique intégrée avec le technicien de Terres du Sud. Nous utilisons des insectes auxiliaires dans les cultures.
En quoi ça consiste ?
En ce moment par exemple, on lutte contre les pucerons qui s’attaquent à nos concombres. Avec le technicien de Terres du Sud, on observe les populations de pucerons et aussi les populations de parasitoïdes, leurs prédateurs naturels. Ensuite on réfléchit sur une stratégie pour savoir quel auxiliaire introduire et à quelle densité. Par exemple, sur ce cas précis des concombres, on utilise une sorte de cocktail d’insectes ailés noirs, des micro-guêpes, notamment Aphidius Colemani, qui parasitent les pucerons. Ce qui est intéressant, c’est que je suis en train d’apprendre avec Terres du Sud à reconnaître les bons auxiliaires en fonction des problématiques.
Vous utilisez aussi la confusion sexuelle, qu’est-ce que c’est ?
Sur les productions de tomates, on fait face à un terrible ravageur, le papillon Tuta absoluta. On a désormais trouvé un produit qui diffuse les phéromones de la femelle reconnus par les mâles. Du coup ces derniers sont perdus et n’arrivent plus à retrouver les femelles et cela limite la reproduction. C’est une très bonne solution.
Vous utilisez d’autres formes de lutte intégrée ?
Pour les fraises, nous utilisons d’autres auxiliaires, les Chrysopes, toujours pour faire face aux pucerons. L’idée c’est de choisir des auxiliaires compatibles avec la culture et qui sont adaptés aux conditions de température et climatiques de nos cultures.
C’est révolutionnaire de faire appel à ce type d’auxiliaires ?
Pour ma génération pas vraiment, on en entend parler depuis nos études. Ça fait partie des moyens de lutte que nous avons intégrés, c’est le cas de le dire ! Mes parents, c’est vrai qu’ils n’utilisaient pas ça, eux.
À côté de vos légumes, vous faites aussi des céréales bio, pourquoi ?
Je fais du blé et du tournesol, surtout pour avoir une rotation de cultures de meilleure qualité. Si je ne cultivais que des légumes, j’aurais un épuisement des sols et une pression des maladies trop importante. Comme ce n’est pas ma principale source de revenus et que les légumes me demandent déjà beaucoup de temps, à cause de l’arrosage et de la main-d’œuvre que ça nécessite, je ne peux pas y consacrer trop d’énergie.
Comment vous arrivez à faire les deux alors ?
Pour les céréales, je délègue pas mal de missions, les semis, la récolte (…) je fais le minimum. Terres du Sud réalise un plan d’approvisionnement et tout l’accompagnement. Pour la collecte aussi, je livre Agribio Union, dont Terres du Sud est adhérente.
Quel regard vous portez sur l’agriculture de conservation des sols ?
On pourrait faire beaucoup mieux, mais le sujet ne nous est pas totalement étranger. Ça ne m’empêche pas de faire des analyses de sols très fréquentes et Terres du Sud m’aide à les comprendre.
Vous avez des projets ?
Hormis le doublement de mes serres, je n’ai pas vraiment de projets. Mon objectif est plutôt de rendre mon exploitation de plus en plus fonctionnelle, en réduisant la pénibilité des tâches.